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Club Ecologie et Liberté

Souverainisme contre nationalisme

Que signifie pour nous, l’accord avec une alliance pour le souverainisme ?

Disons d’abord une chose: pour nous, si on emploie ce mot, c’est pour se démarquer d’un autre mot, celui de "nationalisme" lequel évoque lui aussi la défense de la valeur de la souveraineté des peuples et des nations, mais peut faire appel à des conceptions que nous ne partageons pas.

1- L’origine du terme: le Québec.

L’origine du terme, c’est la révolte du peuple francophone québécois contre l’Etat fédéral canadien.

Parler de souverainisme à partir de là, c’est donc affirmer la légitimité de la volonté de tout groupe, de tout peuple affirmant son identité, de se voir reconnaître le droit à être consulté pour pouvoir disposer s’il le désire du statut d’Etat souverain.

2- Parler de souverainisme, c’est défendre l’idée que c’est aux peuples, aux nations, que doit s’attribuer la souveraineté et non aux Etats, comme l’Etat canadien. Cela signifie pour nous, que la souveraineté appartient à la nation kosovar et non à l’Etat yougoslave, multinational et oppresseur du peuple kosovar, que la souveraineté appartient aux peuples kurdes et tchétchènes, et non, aux Etats multinationaux irakiens, turcs, et non à l’Etat fédéral russe, etc...

3- Le souverainisme est un mouvement qui défend ce qui part d’en bas, contre ce qui veut s’imposer d’en haut; qui a pour objectif de faire converger ce qui vient d’en bas, lentement, plutôt que de vouloir imposer les décisions, rapidement par le haut. Le mouvement souverainiste est donc tout à fait lié avec le véritable principe de subsidiarité, celui dont le principe général est que le maximum de décisions soient prises aux niveaux les plus bas, c’est à dire, aux niveaux les plus proches des citoyens, et que l’on ne fasse remonter le niveau de prise de décision à la collectivité supérieure que lorsque la collectivité de rang inférieur ne peut manifestement pas la prendre en charge.

4- C’est un mouvement qui se fait au nom de la valeur et de la défense de la diversité, de la valeur et de la défense des identités collectives, sans exception, celles-ci devant être elles-mêmes ordonnées aux identités individuelles.

5- C’est donc un mouvement qui agit au nom de la valeur de ce qui est unique, des choses, des relations et des êtres uniques, de ce qui est incomparable. Même si l’identité culturelle d’un peuple est d’un côté, un mélange de croyances à portée universelle, avec, de l’autre, des façons d’être particulières et uniques, c’est le caractère unique et donc incomparable du mélange qui caractérise la spécificité de cette culture, de cette identité, et c’est ce caractère unique, incomparable qui a une valeur universelle.

6- Si le souverainisme agit au nom de la valeur de la diversité, de la valeur de ce qui est unique, c’est qu’il agit à partir de la reconnaissance que chaque homme est un être unique et incomparable, et que cette valeur unique et incomparable est une valeur universelle. Et que, cette valeur fonde les Droits de l’Homme.

Cela signifie donc, que le souverainisme est fondé en valeur sur la valeur des droits de l’homme, que l’Etat souverain est au service de chaque citoyen, et qu’il ne peut y avoir de Raison d’Etat qui mette en cause ces valeurs.

7- A travers l’expérience du Québec, on voit encore que le souverainisme est un mouvement dont l’objectif est de gagner, pour chaque peuple, plus d’autonomie, à la fois politique et économique.

8- Par opposition, les connotations du terme "nationalisme" laissent penser que l’un des objectifs des nationalistes est la puissance de la nation considérée pour elle-même. Cette volonté de puissance et de leadership n’est pas une voloté universalisable. Les nations ne peuvent être toutes premières en même temps.

9- A l’opposé, les objectifs du souverainismes sont universalisables. En effet, les peuples peuvent gagner plus d’autonomie économique et politique en même temps.

De même, les objectifs de développement de toutes les identités, l’objectif de respect de la diversité, peuvent être réalisés simultanément par toutes les collectivités. De même, le respect des autonomies politiques et économiques, et à la limite de la souveraineté de chaque nation, de chaque peuple, et de chaque groupe, respect qui est inspiré par celui du caractère unique des peuples, des groupes et des individus, est un principe universalisable. Et ce principe universalisable, se traduit par un autre: le droit à la sécession, à l’indépendance, consécutif au droit de chaque groupe à être consulté, à choisir son avenir.

Par contre, si un peuple prend de la puissance, un pouvoir de commander, un pouvoir de mener les autres, c’est évidemment au détriment des nations qui désireraient cette place mais ne l’ont pas.

10- Souveraineté et sentiment d’appartenance.

Pour les mêmes raisons qui font que les gains d’autonomie politique ou économique, les progrès dans le respect des identités, et de la diversité, sont non seulement compatibles entre eux, mais se renforcent les uns les autres, pour les mêmes raisons, la défense et le respect des identités nationales sont profondément solidaires de la défense et du respect des identités régionales. Ce qui relie le souverainisme a cette défense des identités régionales et des régions, et ce qui fonde le lien entre eux, c’est que, nous le constatons, la véritable opposition, le grand combat dans le monde, est le combat, entre, d’un côté, ceux qui ne reconnaissent pas de valeur aux liens affectifs, sentimentaux qui nous attachent à des territoires, à ses paysages, à sa mémoire, à ceux qui y vivent, à sa culture, c’est-à-dire ceux qui agissent essentiellement à partir de calculs, à partir de critères économiques prétendument rationnels, et, de l’autre, ceux qui ont des sentiments, des liens affectifs, des attachements avec leur quartier, leur hameau, leur ville, leur département, leur région, leur nation et même avec les groupes confédérés de nations qui peuvent exister. Les langues régionales font partie de cette diversité de culture qui est la richesse de la France, et qui fonde la valeur de sa souveraineté. Non seulement, la souverainisme n’est pas en désaccord avec la Charte des Langues Régionales, mais il est l’expression de cette idée que, face à la primauté des critères économiques qui tendent à imposer dans le monde une seule langue, l’anglais, il faut, malgré les difficultés, maintenir le maximum de diversité.

Le combat, entre les attachements régionaux et les attachements nationaux, est un combat du XIX° siècle qui, à l’époque fut la conséquence du jacobinisme triomphant, et qui ne tient pas compte de l’urgence du combat devenu prioritaire contre l’économisme, contre la mondialisation du libre-échangisme. Les sentiments d’appartenance à un groupe se nourrissent les uns les autres, si des nationalismes dégénérés ne les font pas dévier.

Quiconque a besoin d’attachement à ses voisins, aux gens de son quartier pour construire un sentiment d’appartenance à une région et quiconque a besoin d’un sentiment d’appartenance à une région, pour construire, enrichir et développer le sentiment d’appartenance national.